Besoin de vous mettre au vert ? Nichés dans les boucles de la Seine et dissimulés derrière de hauts murs de pierres de l’abbaye Saint-Georges, les jardins abritaient autrefois les moines bénédictins et leurs prières. Une promesse de sérénité idéale pour une petite sieste dans ses vergers, potagers et jardin de senteurs.
Tout près de Rouen à Saint-Martin de Boscherville, entre les marais de la Seine et la forêt de Roumare, venez visiter l’abbaye Saint-Georges et ses jardins.
Le site, qui s’étend sur 6 hectares, est dominé par l’une des plus prestigieuse église abbatiale romane du XIIe siècle avec sa haute tour lanterne. Aujourd’hui devenue église paroissiale, elle est libre d’accès dans le respect du déroulement des offices.
À l’intérieur du site clos de hauts murs, propriété du Département de la Seine-Maritime, vous accéderez à la salle capitulaire de la fin du XIIe siècle avec ses statues colonnes et chapiteaux historiés, sa chapelle construite au XIIIe siècle et ses bâtiments conventuels du XVIIe où sont installés une salle d’exposition et la boutique.
Vous y découvrirez surtout les magnifiques jardins qui ont été restaurés principalement d’après des documents d’archives du XVIIe siècle tels que les avaient réalisés l’ordre Bénédictin de Saint Maur.
Ces jardins accueillent les fonctions vivrières : potagers et fruitiers et des plantes médicinales et aromatiques dans la lignée des jardins monastiques médiévaux.
Sous l’influence de la fin de la renaissance et du style « à la française », ils sont ordonnés par des ifs taillés et des fruitiers en cordon, autour d’un axe central majestueux avec sa fontaine et ses cadrans solaires.
Vous accéderez en terrasses successives jusqu’au Pavillon des vents, au labyrinthe végétal, pour admirer enfin l’un des plus beaux panoramas du paysage des boucles de la Seine.
Contre le flan Sud de l’église vous profiterez d’une ambiance plus intimiste dans le jardin des senteurs.
Vous pouvez actuellement toujours trouver un jardin représentatif de celui qui pouvait se tenir à l’Abbaye au Moyen-âge. Potagers, jardin des simples, vergers, parterres, le tout dans une diversité de formes spécifiques des temps anciens.
Le potager occupe une place importante, tant sur l’aspect nourricier que sur l’emplacement quasi central de cet espace. Il est planté de légumes anciens qui étaient cultivés au Moyen Âge (chou, panais, fève, arroche…) et de légumes plus récents rapportés pour la plupart par les premiers colons des Amériques (pomme de terre, concombre…). Les jardiniers associent les fleurs aux cultures légumières. Outre leurs aspects décoratifs et ornementaux, les fleurs ont un rôle de protection contre certains parasites bien connus des légumes. Ainsi, l’œillet d’Inde empêche le ver du poireau, la capucine limite la propagation du puceron sur d’autres légumes…
Dans les abbayes médiévales, le « jardin des simples » est constitué de plantes médicinales (appelées « simples »). Des aromatiques et des condimentaires dont les usages se combinent.
Ce jardin était entretenu par le moine médecin qui officiait aussi comme herboriste et pharmacien. Il utilisait les plantes pour soigner ses confrères et villageois.
Celui des Jardins de l’Abbaye Saint-Georges compte 80 plantes médicinales et 30 plantes aromatiques.
Ces massifs sont organisés en fonction des vertus supposées des plantes selon le capitulaire de Villis. Dans cet acte législatif du début IXe siècle, Charlemagne édicte des règles à suivre, notamment une liste des plantes qu’il faut absolument avoir sous peine de lourdes sanctions.
Ce jardin a été mis en place sur le site dans les années 2000. Le sol s’étant appauvris, plusieurs parterres étaient vides ou presque. Des retouches sur la végétation ont donc été effectuées en 2012 puis en 2021. Le confinement de 2020 a permis de poser une vraie réflexion sur le choix des variétés et leurs emplacements.
Ainsi dans les jardins vous trouverez ce qui permettait de soigner l’appareil génito-urinaire, le système nerveux, l’appareil respiratoire, digestif, cardio-vasculaire et un usage externe. Attention cependant, bien qu’utilisé pour soigner, certaines de ces plantes sont toxiques au toucher ou à l’ingestion.
Le verger de 350 arbres environ, est planté de pommiers à couteaux, de pommiers à cidre, de pruniers et de poiriers. Ces vergers sont constitués d’une cinquantaine de variétés anciennes et locales. Si une petite faim vous prenait, vous n’auriez qu’à ramasser.
En 1992, un projet de restitution du jardin monastique est proposé par M. Moufle, architecte en chef des Monuments Historiques d’après une étude de M. Louis Benech, architecte paysagiste qui s’appuie sur les documents d’archives de 1683 et de 1702.
De 1994 à 1998, les éléments minéraux et architecturaux des jardins sont restaurés. Les murs de soutènements puis la rotonde, l’escalier, le bassin et le pavillon des vents qui, situés sur l’axe central, représentent en quelque sorte, la colonne vertébrale des jardins.
En 2004, l’ancien jardin du sacristain devient un jardin dédié aux plantes à parfums : le jardin des senteurs. En 2005, un vignoble est aménagé et planté. L’année 2008 voit la création d’un labyrinthe végétal pour le bonheur des enfants.
En 2017, le jardin du cloitre est réhabilité. En 2018 et 2019, un total de 450 000 bulbes à floraison printanière est planté. En 2021 le jardin des médicinales et aromatiques a été totalement renouvelé.
L’exposition Performances extraordinaires des plantes ordinaires est présentée aux jardins de l’abbaye Saint-Georges jusqu’au 30 novembre 2024.
Parcourez de chez vous l’exposition et glanez quelques définitions savantes : tropismes des plantes, plantes pyrophytes, dispersion des graines par hydrochorie, anémochorie, barocherie…